La Suisse a besoin d’une agriculture productrice. Notre pays a besoin d’une agriculture productrice: et les Suissesses et les Suisses le veulent comme en témoignent de nombreux sondages d’opinion mais aussi, entre autre, la toute récente votation populaire fédérale autour de la sécurité alimentaire du pays. Oui mais voilà… voilà que, ce que propose le Conseil fédéral dans son document «PA 22+» (politique agricole 22+ actuellement en consultation) ne va pas dans le bon sens, bien au contraire ! Le 22 janvier dernier, j’ai participé, à Berne, à une conférence de presse de l’UDC suisse où j’ai eu l’occasion de préciser les difficultés que connaît actuellement notre paysannerie et pourquoi nous devons tout entreprendre pour garantir une existence décente aux familles paysannes (*).

Des chiffres qui inquiètent…

Il est bon de rappeler quelques chiffres:

  • en 2019, la Confédération dépensera environ 72,3 milliards de francs dont 3,7 petits milliards pour l’agriculture (5,1%);
  • les paysans suisses travaillent, en moyenne, plus de 60 heures par semaine;
  • et leur revenu n’est pas à la hauteur de ce travail: par unité de main-d’œuvre à temps complet, les exploitations de plaine ont réalisé un revenu moyen de 63’300 francs, 44’900 francs pour celles des collines et seulement 37’900 francs pour les exploitations de montagne ! Des différences énormes au cœur du même pays;
  • si la Suisse compte, en 2017, plus de 51’000 exploitations agricoles, il est à relever que, ces 18 dernières années, plus de 2’700 exploitations ont disparu !
  • le prix d’un produit agricole à la consommation ne revient pas à son producteur: pour les produits laitiers, le paysan ne reçoit que le 44% du produit final, moins de 42% pour le producteur de légumes !

Devant cette situation critique pour le monde de la paysannerie, le Conseil fédéral jette plutôt de l’huile sur le feu avec son «PA 22+»: réglementations supplémentaires, modifications du système des paiements directs ou encore durcissement des exigences imposées aux agriculteurs !

 

Notre agriculture augmente sa productivité

En Suisse, tout le monde profite d’une agriculture forte: elle joue un rôle important sur le marché de l’emploi puisque près d’un demi-million de personnes travaillent le long de la filière agroalimentaire, soit environ 10% des salariés. Autre constat: notre pays connaît une croissance démographique énorme; mais malgré elle, le degré d’autosuffisance agricole est demeuré stable et la stagnation des dépenses agricoles est une réalité. Ce qui veut dire que l’agriculture a réussi à augmenter sa productivité ! Grâce à l’inventivité et à l’engagement des paysans qui offrent aux consommateurs des produits de qualité – on ne le dira jamais assez !

Notre agriculture doit donc rester une agriculture productrice et ce pour plusieurs raisons:

  • notre pays doit pouvoir – et cela est inscrit dans notre Constitution fédérale – garantir sa sécurité alimentaire, c’est-à-dire, disposer d’une production nationale qui pourrait servir de tampon. Sans sécurité alimentaire, la Suisse est vulnérable;
  • notre pays ne doit pas devenir dépendant des variations des prix alimentaires sur le marché mondial. Certes peut-être, à court terme, certains produits venus de l’étranger sont-ils meilleur marché. Mais à long terme, le changement climatique par exemple devrait nous inciter à la prudence;
  • notre pays doit continuer, grâce au travail des paysans, à entretenir ses paysages. Sans cela, forêts et broussailles envahiraient nos prairies et autres flancs de montagne mais aussi le biodiversité serait menacée.

Poursuivre mon action avec mon deuxième mandat

Au moment de discuter de la «PA 22+» au Parlement, je m’engagerai donc à voter toute mesure

  • qui renforcera une agriculture productrice, par exemple pas de paiements directs pour des programmes aux lourdes contraintes administratives,
  • qui garantira un revenu équitable aux familles paysannes: elles doivent pouvoir exercer leur activité comme activité lucrative principale,
  • et qui créera des conditions-cadres en faveur et non contre l’agriculture: non à un libre-échange agricole total, améliorer la loi sur l’aménagement du territoire en faveur des agriculteurs, réduire la bureaucratie agricole ou encore refuser des expériences sous le couvert de la protection de la qualité de l’eau potable…

En conclusion, sans doute qu’aujourd’hui, l’agriculture productrice et la population sont encore trop éloignées: les rapprocher l’une de l’autre, c’est aussi le sens de mon engagement politique que je veux poursuivre avec mon deuxième mandat au Conseil national. Merci de votre soutien !

(*) Un lien utile: www.udc.ch/wp-content/uploads/sites/2/Positionspapier-Landwirtschaft-F_def.pdf

Pierre-André Page, conseiller national, Châtonnaye

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